Crise politique en RDC : Joseph Kabila a-t-il enfin déchanté ? derrière les consultations encombrantes de Tshisekedi

La République Démocratique du Congo traverse une zone de forte turbulence politique qui a plongé les institutions dans une sorte d’épilepsie profitable aux seuls acteurs politiques au grand dam de la pauvre population touchée de plein fouet par les effets du Coronavirus.
Du bras de fer entre animateurs des institutions de la République au plus haut sommet au déterrement des accords secrets liant l’ancien Rais à son successeur, tous les congolais attendaient impatiemment de la part du nouvel homme fort du pays, des décisions fortes et conséquentes pour voir enfin le train repartir.
Joseph Kabila avait jusque-là gardé la médaille de l’homme politique le plus calme et le moins bavard de toute l’histoire de la RDC jusqu’à ce que s’annoncent les consultations encombrantes de Tshisekedi. Tous les tacticiens de l’ancien Raïs semblent n’avoir pas réussi à anticiper sur les issues de la démarche du président Tshisekedi. Chaque jour qui passe rend de plus en plus incertain l’avenir politique de l’ancien Général. Son retour triomphal annoncé précipitamment par l’un de ses lieutenants, candidat malheureux aux dernières élections présidentielles, Emmanuel Shadary, devenait un fiasco. C’est alors que Kabila choisit de s’exprimer.
Trop tard ! Il le fera pendant que ses otages réfléchissent sur leur libération. Très vite et de manière surprenante, tous ses propos, enregistrés secrètement durant une réunion à laquelle participent les élus de son regroupement politique, tombent entre les mains du célèbre Jeune Afrique et inondent les réseaux sociaux à la vitesse de la lumière.
Le message est fort : celui qui, pendant 18 ans, avait eu des difficultés à trouver 15 hommes, est désormais seul face à ses milliards.
Entre-temps, Félix Tshisekedi téléconsulte avant de consulter. L’homme s’est ouvert aux américains de sorte qu’il reçoit le plus précieux de soutien dont il avait besoin : le renseignement. Tous les actes qu’il pose doivent l’être dans le strict respect des orientations. C’est de la dictée politique. Au pays, l’Agence Nationale de Renseignement semble n’exister désormais que pour les moindres informations. Tout était bien planifié parce que si l’ANR héritée de l’ancien régime servait deux maîtres, la CIA ne reconnait que Tshisekedi. Les américains connaissent tous ces élus du FCC mieux que Joseph Kabila. Ils savent ce qu’ils aiment le plus : diriger pour mieux voler. Il faut débaucher ceux qui peuvent l’être et qui sont éligibles. Donc, ne sera pas débauché qui veut, pour éviter d’embarquer même les potentiels candidats à la prison.
L’issue des consultations reste incertaine aux yeux des observateurs, mais le Président Tshisekedi semble connaître le schéma tel que lui présenté par ses mentors de l’autre bord de l’Atlantique. Dissolution de l’Assemblée nationale ? Constitution d’une nouvelle majorité parlementaire ? révision de l’accord autrefois secret ? Démission du gouvernement ?
De tout cela, chaque décision aura ses conséquences mais Tshisekedi sait déjà que Kabila comprend mieux le langage de la force que celui de négociation. Cette situation suscite cependant des questions :
- Est-ce que le Président Tshisekedi sait de lui-même mesurer les conséquences des décisions qu’il pourrait prendre ?
- A-t-il les moyens de la politique qu’il veut inventer ?
- Que cache réellement le soutien des États-Unis au régime de Kinshasa ? le développement ou le chaos ?
La démystification de Joseph KABILA est un signal fort à toute la classe politique congolaise surtout à ses femmes et hommes présents dans le gouvernement, qui se sont illustrés dans l’arrogance et l’excès de zèle. Toutefois, elle n’est pas la solution aux problèmes des congolais qui continuent de se faire massacrer à l’Est. Ce que veut la population, c’est de voir un Tshisekedi réellement Président, qui fait ce qu’il dit et qui réalise sans avoir trop promis.
Si la randonnée des avions de chasse angolais à Kinshasa a suffi à calmer le malaise qui s’observait déjà au sein de l’armée, la fin des tueries à l’Est et l’amélioration du social des congolais à l’issue de ces consultations suffiront à calmer la tension de la population.
Delphin MURHABAZI – Analyste