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Guerre en RDC : Paul Kagame, opposant congolais ou président rwandais ? la fin des décennies de mensonge d’un dictacteur à bout d’alibis

L’un des mérites du président congolais Félix Tshisekedi, c’est d’être parvenu à faire sortir le jadis redoutable Paul Kagame de sa tanière parfois par des réactions implacables mais adaptées à l’hypocrisie et au mythe que ce dernier incarnait depuis des décennies dans la région des grands lacs.

Tel un lion, avant qu’il ne vous dévore, le Président rwandais Paul Kagame vous vend d’abord son sourire. Certains congolais, dans leur naïveté, ont toujours succombé à ce maléfique charme ; même le président Tshisekedi en a goûté la capsaïcine au début de son mandat.

Pour s’y prendre par la suite, l’approche du président congolais a été d’une telle brutalité que Paul Kagame n’a pas su le contenir. Félix Tshisekedi a alors transformé la confrontation entre le Rwanda et la RDC en un conflit personnel entre lui et Paul Kagame. Il y est allé à la kinoise face à un Kagame qui profite mieux de l’hypocrisie que certains qualifient à tort de realpolitik. Pour le fils du Sphinx, ça passe ou ça casse. Tshisekedi cite le Rwanda comme il respire.

Hormis sa casquette de Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi est d’abord un militant de l’UDPS. L’homme est un pur produit d’un parti politique dans lequel insulter et critiquer font partie du premier niveau d’initiation, c’est le sport préféré à Limeté. La pire erreur que le président rwandais a pu commettre, c’est d’avoir amené son homologue congolais sur le terrain des insultes. Il en aura pour son compte et s’en sortira froissé comme il ne pourrait se l’imaginer.

De l’autre bord, dans des rencontres de haut niveau, les deux hommes s’affichent une méfiance inquiétante : ils ne se serrent pas la main ou à peine, n’empreintent plus les mêmes entrées et sorties pour afficher leur inimitié. Voilà ce qui complique les calculs de Kigali. Le parvenu politique d’hier est devenu incompréhensible et ses voies insondables !

Dans cette aventure, le président rwandais est obligé de s’entraîner à se comporter comme un congolais à la seule différence que ce n’est pas son monde : le président rwandais ne parle pas trop, il agit. Les congolais aiment d’abord parler et agir après ou carrément se limiter à parler même quand ils sont incapables d’agir. Sur ce terrain, le président rwandais a d’ores et déjà perdu. Désormais, à chacune de ses sorties médiatiques correspondent des répliques appropriées.

Devenu plus bavard que jamais, le président rwandais s’est montré plus préoccupé par l’actualité politique de la RDC que par la situation de son pays. Il se comporte désormais en opposant au régime de Tshisekedi à qui il s’évertue de donner même des leçons de démocratie. Il commente les questions liées à l’organisation des élections transparentes et va jusqu’à parler (de la liberté) des manifestations.

Dans sa dernière interview accordée à la RFI, Paul Kagame a osé appeler les congolais à manifester contre le pouvoir de Kinshasa oubliant que ce qui lui rend le plus célèbre sur la scène internationale, ce sont les assassinats des opposants à son régime (journalistes, acteurs sociaux et politique) et la stricte interdiction de toute manifestation contre sa gouvernance. Là aussi, aux yeux des congolais, cet appel du président rwandais passe pour une insulte.

Ce courage de vouloir tout contrôler conduira sans doute l’homme fort de Kigali vers les heures sombres de son pouvoir qui endeuille l’Est de la RDC depuis des décennies.

Delphin MURHABAZI

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