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Pourquoi le Président Félix TSHISEKEDI protégerait-t-il l’ambassadeur rwandais Vincent KAREGA ? entre accords secrets et jeu des alliances !

Depuis que, courageusement, l’ambassadeur rwandais en poste à Kinshasa avait décidé de s’exprimer sur le massacre de Kasika, un village du Sud-Kivu, via un tweet négationniste et provocateur, plusieurs mouvements et personnalités de la société civile et de l’opposition congolaises continuent de réclamer son expulsion malgré le silence du régime Tshisekedi.

Une question se pose : pourquoi Félix TSHISEKEDI a préféré la réponse par le silence aux revendications quasi justifiées et fondées de ses compatriotes ? Qui protège réellement ce diplomate qui avait contrattaqué en toute quiétude sur les ondes de la Radio France internationale à la polémique dont il est à la base ?

Pour répondre à cette question, nous vous proposons une lecture de la politique étrangère du principal allié du régime de Kinshasa.

Aujourd’hui, la violence comme la paix sont devenues peu à peu dépendantes du bon vouloir de Washington qui, tel un empire, peut désormais influencer l’ensemble des questions internationales par ses seules décisions. Dans cette logique de pensée, on comprend que d’office les États-Unis imposent toujours à leurs alliés « faibles » la politique aussi intérieure qu’extérieure à adopter.

Il faut noter que pour les États-Unis, le Rwanda est en Afrique ce qu’est Israël au Moyen Orient. Et si l’État hébreux est traité au même titre et peut-être mieux que certains États américains, il est clair que le Rwanda a plus de considérations aux yeux des américains que leurs alliés stratégiques « forts » en Afrique.

La politique américaine ne laisse plus la possibilité de décision à ses États alliés « faibles » : soit vous acceptez nos orientations et vous bénéficiez de notre soutien, soit vous refusez et vous devenez notre ennemi. Cette politique est en train d’être appliquée à tous les États arabes alliés qui se voient aujourd’hui être presque contraints de normaliser leurs relations avec Israël. Le Soudan s’est récemment vu être appelé publiquement à normaliser ses relations avec l’État hébreux comme condition sine qua non pour toute levée des sanctions américaines. Cela peut servir de dernier exemple. 

En Afrique, pour ce qui est du Rwanda, cette politique semble s’être pédagogiquement appliquée à la RDC.

Quand le président de la République Félix TSHISEKEDI accédait au pouvoir au milieu d’une tempête qui a, quelques jours seulement après, balayé sa cour, le nouvel homme fort de la RDC était visiblement atteint d’une inquiétude liée à sa sécurité personnelle. Il voyait la mort partout tellement qu’il était pressé de trouver un abri. Les portes de la Chine et de la Russie étaient déjà verrouillées par son prédécesseur qui avait tourné le dos à l’Occident pour faire de ces deux pays ses alliés stratégiques. Il devrait alors traverser l’Atlantique pour négocier dos courbé une alliance avec les anglo-saxons.

En s’alliant aux américains, Félix TSHISEKEDI a donc fait alliance avec les parrains de l’État ennemi à la RDC, le Rwanda. Là, l’administration américaine a trouvé ce qu’elle cherchait. Le soutien et l’appui des États-Unis au régime de Kinshasa ont tout de suite été conditionnés par la normalisation des relations entre le pays de Mzee Laurent Désiré KABILA et le Rwanda. Si les relations entre ce petit pays diplomatiquement grand sont rompues, automatiquement le régime de Kinshasa perd toute coopération avec les USA. 

Selon les termes employés par Madeleine Albright, les États-Unis ont toujours été en même temps une « puissance européenne ». Dans une certaine mesure, une insubordination à l’égard des américains entraîne par le jeu des alliances une confrontation avec certaines puissances européennes. Ce pays est parvenu à un degré́ de puissance lui permettant de s’engager dans des guerres de choix plutôt que de besoin. Toute opposition aux décisions et aux orientations américaines ouvre plusieurs portes à la déstabilisation sur le plan sécuritaire et socio-économique surtout dans une RDC où les groupes armés font la loi et où la corruption et le détournement des deniers publics ont été longtemps institutionnalisés. 

La logique américaine est simple : soit vous coopérez avec nous, vous nous obéissez tel un esclave à son maître et vous devenez nos amis, soit vous refusez, vous devenez ennemi et vous vous préparez au chaos. 

Eu égard à tout cela, il saute aux yeux que la décision d’expulser l’ambassadeur rwandais Vincent KAREGA au regard de ses propos ne revient pas au président Félix TSHISEKEDI. Les manifestations auraient des effets si elles se tenaient à l’ambassade des États-Unis à Kinshasa ou à la Maison blanche pour la diaspora. L’actuel président congolais a toujours donné l’impression d’être attentif même aux moindres revendications de ses compatriotes mais cette question, celle-là, ne trouvera aucune solution à son niveau. Tout ce qu’il peut faire, c’est plaider auprès de son puissant allié, au nom de la paix et la stabilité sociales, pour un départ en douceur de monsieur Vincent KAREGA. Aussi, faut-il que l’imprévisible Paul KAGAME cède à cette option qu’il qualifiera sans doute d’inopportune et capricieuse.

En République Démocratique du Congo, tout le monde est politicien. La seule différence c’est que certains font la politique la nuit et les autres la font le jour. D’autres la mènent dans la rue pendant que la vraie se discute dans des salons huppés à des milliers de kilomètres de Kinshasa au-delà des frontières africaines.

L’ambassadeur Vincent KAREGA réagissant aux revendications de ceux qui exigent son expulsion lâchait : « ceux qui demandent mon départ n’ont pas le pouvoir de me faire partir ». Il aurait courageusement dit par contre : « ceux à qui les manifestants s’adressent pour demander mon expulsion n’ont pas le pouvoir de me faire partir » !

Ainsi va le Congo ! 

Delphin MURHABAZI/Analyste

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