Zamirika Congo

RDC : au Nord et Sud-Kivu, le président du Sénat Modeste Bahati LUKWEBO frappe fort sur la MONUSCO et évite soigneusement d’entrer en collision avec le Rwanda. Le dessous d’une communication hautement politique

Face à l’agression de la République Démocratique du Congo par le Rwanda, tous les acteurs politiques choisissent chacun et chacune sa ligne d’attaque. Tout est fonction d’auditoire, d’intérêts, d’expériences ou de vision politique des uns et des autres.

En visite au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, son fief naturel, la deuxième personnalité politique de la RDC, Modeste Bahati LUKWEBO a eu un discours tranchant sur la mission onusienne qu’il a , en ses mots, qualifiée d’inefficace après 22 ans de sa présence sur le territoire congolais, allant jusqu’à demander que les casques bleus puissent « plier bagages ».

Ce qui attire la curiosité des observateurs, c’est l’angle qu’a choisi Bahati LUKWEBO pour aborder la question du terrorisme du M23 à l’Est de la RDC.  L’homme n’est pas un parvenu politique. Il connaît le terrain, il a une bonne connaissance du jeu et la maîtrise des acteurs. Rien n’échappe à son expérience politique. Il a vu Mobutu, il a vécu l’arrivée et la fin de Laurent Désiré KABILA, il a traité avec Joseph KABILA et comprend parfaitement les manoeuvres de Tshisekedi. Dans sa politique politicienne, pas question pour Bahati LUKWEBO de se heurter au Rwanda. Le risque était bien calculé et les limites rigoureusement fixées.

En tirant sur la MONUSCO, le président du Sénat a intelligemment évité la vraie cible, le M23 et son parain naturel de Kigali. Hypnotisée par un discours qui ne lui a laissé aucun choix, la population n’a eu que ses mains pour acclamer l’homme fort de l’AFDC, avant de constater tardivement que l’orateur s’est plutôt attaqué au mauvais ennemis.

Dans le contexte actuel, s’engager dans un combat pour le départ de la MONUSCO ne serait que distraction pour donner du temps à l’ennemi, ce serait déplacer le vrai problème et un gaspillage des énergies. La victoire sur le M23 passe avant le départ de la MONUSCO, du moins pour l’instant. Son discours aurait toute sa valeur s’il aurait été tenu au moment opportun lorsque la population se faisait tirer dessus par les forces de l’ordre pour réclamer le départ de la mission onusienne. Le M23 n’y est donc pour rien. Le problème, c’est la MONUSCO. Que dire ?

La population congolaise est victime de sa naiveté. La jeunesse, épuisée par des années de guerre, de frustration et de désespoir, a démissionné de ses fonctions laissant libre passage à la démagogie et au populisme politicien. Le président du Sénat a toutefois fait passer un message très important entre les lignes, en appellant les jeunes à s’enrôler dans l’armée pour défendre la Patrie.

Si le Professeur Bahati LUKWEBO a épargné de justesse ses intérêts économiques de toutes les conséquences et incidents qui résulteraient de ses propos, il a manqué l’occasion de tenir un discours ferme contre le soutien du Rwanda au groupe terroriste du M23. Le congolais doit désormais apprendre à voir plus loin que son nez.

Delphin MURHABAZI/Analyste

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