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RDC : des instructeurs militaires Turcs, Russes, Bulgares, Georgiens et Belarusses signalés à Goma. Comment Tshisekedi pousse-t-il Kagame à sortir de sa cachette ?

Est-ce une distraction de plus ou un sérieux engagement à ramener la paix à l’Est de la RDC ?

De Mobutu à Tshisekedi en passant par les Kabila, le Congo de Lumumba a subi de plein fouet les conséquences de l’infiltration et de l’affaiblissement de ses institutions. L’armée, la police, les services de renseignement et toute l’administration publique ont été au centre de la stratégie de l’effondrement du pays continent, pensée et mise en place pour saigner le sol congolais. Le Congo n’a, à dire vrai, existé que de nom jusque-là et doit sa survie à sa population qui n’a rien lâché malgré la pression à laquelle elle s’est fait soumettre depuis des décennies.

Après ses 32 ans au pouvoir, Mobutu laisse l’ancien Zaïre en ruine entre les mains de l’Ouganda et du Rwanda sous la supervision des Américains. A son arrivée, Mzee Laurent Désiré Kabila tente alors une opération impossible qui précipitera d’ailleurs sa chute. Appelé à s’asseoir sur un fauteuil mouillé de sang, entouré d’une équipe qu’il n’aura pas choisi, avec des voisins sur lequel il n’avait aucun mot, le jeune Joseph KABILA règne alors sur un pays que lui-même ne dirigeait pas. Il apprend tout au pouvoir, le mensonge et la vérité, le faux alliés et les faux ennemis, tout était faux, même sa propre identité dont lui-même n’aura pas le courage de parler, frustré par le bavardage des Congolais et la cruauté de ses parrains. Tantôt rwandais, tantôt katangais, Joseph KABILA a en réalité été victime de son silence. Personne ne le comprenait, même pas ceux qui l’avaient côtoyé.

Quand Tshisekedi prend le pouvoir au milieu d’une confusion absolue, rien ne semblait présager un bon avenir pour la RDC. L’Occident et ses alliés dans la région voyaient devant eux une dizaine d’années supplémentaires de pillage des ressources minières de ce pays qui venait d’être confié à un « stagiaire ».

Manipulé de tout bord, soustrait de son cercle rapproché tantôt par des décès liés à un présumé « Covid19 », tantôt par des procès-spectacles, Tshisekedi s’est retrouvé seul avec des apprentis politiciens venus fraichement de l’Europe pour se venger des années de chômage et se faire une santé financière.

Pressé par le temps et bousculé par son désir de changer radicalement l’image de la RDC, Félix Tshisekedi a très vite voulu briser les chaines et échapper au contrôle de ses alliés outre-Atlantique. Il a déjà découvert l’hypocrisie et la distraction des Américains, le double jeu de l’Europe et la manigance du Rwanda et de l’Ouganda.

Pas question de le laisser échapper. Tout de suite, le fameux M23 a ressurgi de sa tombe, mieux équipé et mieux entraîné que jamais, vanté même par le Secrétaire général de l’ONU. De l’autre côté, avec un embargo sur les armes, le Congo était un lion dépourvu des griffes. A l’interne, une armée fortement infiltrée ne rassurait pas sur le champ de bataille. Entre négociation et chaos, Félix Tshisekedi est passé pour un ignorant. Tout le monde le voyait dépassé et étouffé par les événements. En cachette pourtant, l’homme accentuait des négociations et multipliait des contacts pour des secours principalement Russes, Chinois et Turcs. Incapable de se procurer des armes face à un embargo imposé, Tshisekedi était devenu très impatient.

Insulté et provoqué par son frère « honoraire » de Kigali, Félix Tshisekedi est passé à côté de la plus grande erreur de son mandat : inviter le groupe Wagner à combattre aux côtés des FARDC contre l’armée rwandaise à Rutshuru. Entre-temps, actifs sur le terrain, les services de renseignement rwandais étaient à la recherche des indices pour faire rapport et clouer définitivement leur bête noire. Tshisekedi ne tombera pas dans ce piège. Derrière les rideaux, des instructeurs militaires turcs et russes empochent des millions et défilent à Goma pour chercher des alternatives à l’embargo ‘’autrefois’’ imposé à la RDC.

A Washington, les émissaires de Tshisekedi ne peuvent dormir. Ils frappent à toutes les portes et font des lobbies pour faire entendre le cris des congolais et obtenir la condamnation de Kigali. Ils dépensent des millions et au bout du suspense, obtiennent l’adhésion de Bob Menendez, le Président de la puissante commission des affaires étrangères du Sénat américain. A Moscou et à Pékin, Kinshasa obtient le soutien pour la levée de l’embargo sur les armes.

Il a fallu une nuit pour que le soleil se lève sur Kinshasa. L’embargo était levé à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité où tout se jouait. Le lendemain, des avions turcs débarquent sur Goma. Le jour suivant, l’hôtel Mbiza au centre-ville de Goma est inondé des hommes blancs jalousement sécurisés par la garde républicaine. Inaccessibles, ils multiplient des entrées-sorties sous la vigilance des services de renseignement rwandais. Qui sont-ils ? C’est la question qui résonne de l’autre côté du Lac Kivu. Kinshasa commence par nier mais finit par trouver un vocabulaire face à la pression de Washington : Des instructeurs militaires, Oui; des mercénaires, Non ! Bien avant, un article publié sur le célèbre DW.COM le 12 janvier 2023 avait déjà nourri tous les soupçons.

Leur nombre est d’abord révélé, ensuite leur nationalité mais leur mission reste floue.  Ces instructeurs militaires Turcs, Russes, Bulgares, Georgiens et Belarusses plongent Kigali dans l’insomnie. Dans la foulée de cette panique, le M23 subit de sérieux revers malgré les renforts reçus en troupes et en équipements avant de se rattraper et faire des avancées sur le terrain.

Longtemps resté muet et confiant, le Président Kagame multiplie des sorties médiatiques et commet parfois de terribles erreurs de communication. Son inquiétude se fait lire ouvertement. Il pousse Kinshasa à en commettre autant mais là, Tshisekedi est averti. La guerre passe des armes à un échange musclé des insultes entre les deux hommes. Le mythe tombe. L’homme fort de Kigali est démasqué et ses mensonges ne passent plus.

Si au départ le président Félix Tshisekedi s’était montré très naïf face à ses homologues de la région, il aura entré dans l’histoire en devenant le tout premier à faire tomber publiquement le masque de Paul Kagame longtemps resté un mythe même en RDC, son terrain de jeu. Le président rwandais était devenu plus redoutable à Kinshasa qu’à Kigali. Son nom était devenu presque sacré dans les institutions congolaises. Personne ne pouvait le citer vainement et se sentir en sécurité à son poste, surtout pas les officiels congolais.

Même si le chemin à parcourir est encore long et périlleux, annoncé sans expérience au départ, Félix Tshisekedi a brisé le mythe. Va-t-il gagner cette guerre ? C’est la question à laquelle l’agressé et l’agresseur ne semblent avoir aucune réponse sûre. C’est au peuple congolais de se prendre en charge !

Delphin Murhabazi

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