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RDC : Face à l’agression du Rwanda, Moise KATUMBI avance à visage voilé. Comprendre le dilemme du disciple de Mo Ibrahim

A la veille de l’année électorale, les acteurs politiques de la République démocratique du Congo sortent à pas de tortue de leur ombre et révèlent un après l’autre leurs ambitions pour les prochaines échéances. L’agression du Rwanda contre la RDC avec toutes ses conséquences humanitaires dans la province du Nord-Kivu, les massacres des populations civiles aussi bien par les rebelles du M23 que par les ADF ; bref, la sécurité sur toute l’étendue du territoire national sera le grand enjeu des élections de 2023.

Candidat des multinationales ou des congolais ?

Dans la course à la Présidence, un homme s’est montré très impatient, Moise KATUMBI.

Technocrate avec un carnet d’adresses hors pair, l’homme de Kashobwe est autant redouté par l’Union sacrée de Félix Tshisekedi que par les congolais eux-mêmes. S’il a su s’attirer l’admiration des congolais grâce notamment au boulevard politique que les années Kabila lui avaient ouvert pour s’inventer de l’influence, Katumbi a des soutiens et pas les moindres au-delà des frontières de la RDC. Mais, sera-t-il voté par ses grands électeurs de l’Outre-Atlantique ?

Le flou qu’entretient Moise KATUMBI sur la crise sécuritaire qui prévaut particulièrement dans le territoire de Rutshuru au Nord-kivu ne sera certainement pas sans conséquence sur sa candidature.

Depuis le début de l’invasion de la RDC par l’armée rwandaise à travers le groupe terroriste du M23, les Congolais ont presqu’unanimement condamné cette nième agression en citant nommément le Rwanda et en évoquant publiquement la responsabilité du président Paul Kagame. Pour la première fois depuis des décennies des massacres, les officiels congolais, députés, ministres, militaires et policiers se sont succédé pour condamner l’attitude belliqueuse et provocatrice du régime de Kigali ainsi que la passivité de la communauté internationale.

Tous les leaders politiques congolais, sans distinction de leurs camps politiques, à l’opposition et à l’Union sacrée ont pris le courage de condamner sans équivoque le soutien du Rwanda aux terroristes du M23. De Martin Fayulu à Matata Ponyo en passant par Adolphe Munzito, des voix se sont fait entendre pour apporter soutien à l’armée congolaise, les FARDC et ce, au-delà de toute forme de populisme.

Les leaders religieux ne sont pas restés indifférents face aux atrocités que subissent les congolais du grand Kivu. La puissante église catholique, après plusieurs mois de spéculations et de jeu doux, avait fini par se soumettre timidement à cet exercice.

Moise KATUMBI n’inquiète que d’un point de vue, ses alliés.

Reconnu disciple de l’oligarque anglo-soudanais Mo Ibrahim, lui-même réputé très proche du président rwandais, Moise KATUMBI s’est très vite retrouvé dans la même famille que les architectes de la déstabilisation de la RDC qu’il prétend diriger. Par le jeu des alliances, condamner Paul KAGAME reviendrait à condamner son parrain Mo Ibrahim. Entre nommer puis condamner l’agresseur pour rassurer les congolais et échapper à ce devoir en essayant d’équilibrer sa balance, Moise KATUMBI s’est comporté en élément neutre. C’est là son dilemme !

Et aux congolais de s’interroger : qui dirigerait alors la RDC avec l’accession au pouvoir du chairman ? N’est-ce pas ce réseau auquel il appartient ? Attend-t-il d’être élu Président de la République pour se délier des chaines qui le tiennent et s’émanciper de ses alliances qui constituent une sérieuse menace à la RDC ? Protégera-t-il les intérêts des multinationales qui bénéficient de l’activisme des groupes armés ou ceux des congolais ?

La candidature de Moise KATUMBI inquiète les congolais qui veulent avoir un Président de la République à la même vision que Patrice LUMUMBA et Mzee Laurent Désiré KABILA, capable de transcender toute alliance et tout intérêt pour défendre l’intégrité territoriale de la RDC, un dirigeant qui ne peut avoir comme alliés les vrais amis du Congo, un dirigeant qui ne peut faire aucune concession sur les questions qui touchent la souveraineté de la RDC.

Quoiqu’il en soit et quelle que soit ses bonnes intentions, Moise KATUMBI est loin d’être ce révolutionnaire que rêvent les congolais, surtout dans le contexte de cette crise sécuritaire qui menace la RDC. L’homme pourrait bien être utile à d’autres instances de prise de décision mais le laisser filler à la Présidence serait ouvrir la voie à la catastrophe.

Aussi longtemps que la billonnette de la balkanisation restera suspendue sur le Congo, il faudra désormais faire preuve du plus grand sentiment de nationalisme et de patriotisme pour pénétrer le cœur des congolais.

Delphin MURHABAZI

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