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Terrorisme à l’Est de la RDC : face à une Tanzanie neutre et un Soudan du Sud faible, le Kenya et le Burundi prêts à affronter le duo FPR-UPDF sur le territoire congolais ?

La République Démocratique du Congo, tel un produit aux enchères mais extremêment couteux, inquiète ses aigrefins preneurs. Le pays de Lumumba fait face à une nouvelle énigme sécuritaire dont les solutions échappent à toutes les stratégies politiques et militaires. Sur le terrain, tous les experts semblent échouer !

L’Union africaine a les mains liées, la SADC, fatiguée, regarde de loin; la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est s’y jette avec précipitation et l’ONU supervise, tel un arbitre qui connaît déjà le vainqueur avant même le début de la compétition. Personne ne comprend mais tout le monde s’interroge !

Portés par des multinationales occidentales qui profitent du chaos, des tuéries et des massacres des congolais, pour accélerer l’exploitation des minerais, les présidents Paul Kagame et Yoweri Museveni ont réussi à écarter tous les pays africains et surtout ceux de la région des Grands Lacs et bloqué ainsi tout accès à la RDC. Pour les deux hommes, les questions liées à l’insécurité à l’Est de la République Démocratique du Congo sont un tabou qui ne doit jamais faire l’objet de débat public, même pas par les congolais.

Si les deux hommes, grâce aux rebellions qu’ils entretiennent, saignent aisément le sol congolais pour bien maintenir leur pouvoir dans leurs pays respectifs, d’autres Etats par contre, expriment leur volonté d’exploiter les potentialités de la RDC grâce à des accords de coopération surtout en terme d’échanges économiques. Avec une population évaluée à plus ou moins cent millions d’habitants et une superficie de 2 345 410 km², le Congo présente des grandes opportunités pour beaucoup de pays africains qui, du coup, se retrouvent bloqués par deux dictateurs qui semblent se l’être approprié. Inconcevable, n’est-ce pas ? Oui, pour ceux qui n’entendent parler du Congo que dans les médias et les réseaux sociaux !

Après toutes les tentatives, le Kenya a échoué à changer le paradigme de Paul Kagame et Yoweri Museveni. La Tanzanie qui a aussi besoin d’une RDC stable mais qui a déjà goûté la ruse et la turbulence de l’homme fort de Kigali, avance timidement sans prendre le risque de le frustrer. Le Soudan du Sud, très affaiblie, peine à résoudre ses problèmes et ne peut avancer dans cette bousculade que pour des raisons protocolaires au risque de se heurter à Kampala qui pourrait lui lâcher ses chiens. Quant au Burundi, dirigé par un militaire et un fin connaisseur de la politique du FPR, trois ingrédients sont indispensables pour sécouer Kigali et le faire reculer : d »abord une volonté politique et un feu vert de Kinshasa, ensuite une base arrière forte et enfin un cadre légal de confrontation. Avec un Tshisekedi humilié par le couple Kagame-Museveni, un Kenya défié par Kigali et une EAC portée par Kenyata, Bujumbura a tout ce qu’il lui faut mais n’est pas à la hauteur.

Le président Ndayishimiye n’a pas de choix parce que le démon de la déstabilisation qui hante son pays est toujours en repos à Kigali et peut se réveiller à tout moment. C’est une bonne occasion pour lui de se tailler des alliés de peur qu’il ne se retrouve encore seul quand il reviendra.

Cependant, une inquiétude plane dans la région. Si Kigali et Kampala réussisent, à travers le M23, à imposer leur nouvelle loi à l’Est de la RDC malgré les lamentations et la désapprobation de leurs voisins, ils affirmeront ainsi leur leadership dans toute la région des Grands Lacs et n’hésiteront pas à faire autant ailleurs. Voilà ce que semble redouter Uhuru Kenyata, qui s’érige en porte-parole de ses collègues opprimés.

Rien n’est sûr mais aucun doute n’est à signaler sur une possible confrontation ouverte entre les armées kenyannes et burundaises d’une part, et les armées rwandaises et ougandaises d’autre part, à l’Est de la RDC.

Les congolais ont vécu la guerre des 6 jours mais ne savent pas chronométrer le temps que prendra celle-ci qu’ils voient venir.

Delphin Murhabazi

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